Ce texte rectifie celui publié dans le bulletin des programmes de décembre.
FOCUS LES
CHEMINS DE TRAVERSE – saison 4
J comme…
Maurice JOURNEAU
Compositeur français
Né le 17 novembre 1898 à
Biarritz
Principales compositions :
De la musique pour orchestre dont
Midi aux champs, Pastorale op.27 (1943) ;
Des œuvres de musique de chambre,
dont un sextuor à cordes, des quintettes avec ou sans piano, un quatuor à
cordes et un à vent, un trio avec piano, des pièces en duo pour divers
instruments avec piano… ;
Quelques pièces de musique sacrée
avec orgue ;
Un large choix de partition pour piano.
Directeur d’hôtels de luxe sa vie
durant, par atavisme familial – son père exploitait plusieurs établissements à
Biarritz et San Sébastian – autant que par opportunité économique, Maurice
Journeau fut indéniablement en musique, au sens noble que lui accordait le
XVIIIe siècle, un "amateur".
Après avoir appris le piano dans son
enfance, il poursuivit de 1920 à 1922 des études de composition à l'Ecole
Normale de Musique de Paris, où il bénéficia de l’enseignement de Nadia
Boulanger et de Max d’Ollone. Ses premières compositions, essais d’étudiant, furent
publiées par la maison d’édition Sénart. S’il choisit finalement de reprendre
l’activité paternelle plutôt que de vivre de son art, il continua à composer suivant
les conseils de ses professeurs, conservant ainsi sa liberté et sa fraicheur
d’écriture.
Rétif
à toute espèce de mondanité, modeste, attentif aux autres et d’une grande
humanité - se mettant au piano le soir dans son appartement parisien, il
veillait à jouer doucement pour ne pas gêner le voisinage, et développa ainsi
un toucher velouté – Journeau était en même temps un musicien cultivé. Maître
de son art, et ouvert aux évolutions stylistiques, il jetait un regard
constamment curieux sur les multiples courants musicaux de son époque, tout en
restant à l’écart des chapelles.
Lui pour qui « une bonne musique est une musique qui touche
à la fois le cœur et l’intelligence », posait sur son piano aussi bien
les partitions de Bach que les Sonates de
Boulez, vénérait Ravel, dont on sent l’influence dans ses premières œuvres, mais
conservait son indépendance vis-à-vis des chapelles et des modes. Jugeant « très important de se
renouveler », il étudia les traités de Schoenberg et intégra les
principes du sérialisme à compter des années 70, sans pour autant se départir
de son langage personnel, ancré dans le style français du début du siècle, « moderne modéré » comme il le
qualifiait lui-même.
Cette indépendance, aussi bien
vis-à-vis de son art que du monde musical, se traduisit aussi par un penchant
marqué pour les formes libres –impromptus, préludes, caprices- où son
imagination put s’exprimer sans entrave formelle, et dans la rareté des indications
interprétatives portées sur ces partitions, laissant aux interprètes une grande
souplesse d’approche.
Son œuvre est marquée par les lieux
où il vécut, de Biarritz à San Sebastian en passant par Nice où, tout jeune
marié, il partit diriger l’Hôtel Windsor de 1926 à 1936. Là, il collabora à
plusieurs reprises avec le violoniste Gil Graven, la majeure partie des œuvres
de cette époque étant dédiée à l’instrument. Ses compositions d’avant-guerre
sont empreintes de cette clarté solaire et des paysages maritimes qui
constituèrent une source d’inspiration privilégiée (Nuits Basques, Aux Rivages Méditerranéens, Marine). Mais son œuvre
traduit également son attachement à sa famille et au monde de l’enfance (Pièces enfantines, Scènes à jouer aux
enfants, Suite pour les Jeunes, …).
À
compter de 1936, Maurice Journeau s’installa définitivement à Paris où il
poursuivit son œuvre discrète, se consacrant principalement au piano et à la
musique de chambre, avant de s’orienter vers la musique sacrée à la fin de sa
vie. Estimant « avoir suffisamment
écrit », il cessa brusquement de composer en 1984, laissant en tout
plus d’une centaine d’œuvres, dont la plupart encore inédites et le sentiment
que ce compositeur attachant n’a peut-être pas reçu l’accueil que sa musique
mérite.
Patrice Mercier
Nota :
les citations et anecdotes sont tirées d’une conférence donnée le 18 novembre
2018 par Chantal Virlet-Journeau, fille du compositeur, dans le cadre du
Festival Piano au Musée Würth à Erstein.
Pour prolonger l'écoute :
Hormis Skarbo, qui a consacré deux albums majeurs à sa
musique de chambre (Ensemble Opus 41) et à sa musique pour piano (T. Betz-J.
Micault), aucun label ne s’est réellement intéressé à l’œuvre de Maurice
Journeau. L’enregistrement du quatuor op.11 (Quatuor de Chartres/REM) est quasi
introuvable, tout comme celui de la sonate
op.6 (C. Cousin/F. Goïc). Reste la Fantaisie
dans une anthologie de musique française pour violon et orgue (A. Robert/J.
Boucher/XXI) et l’album Canticum Novum
(B. Leblanc/J. Boucher/SMD) qui ne présente, parmi diverses mélodies sacrées,
que sa Prière à la Vierge. C’est à
peu près tout !
RETROUVEZ MAURICE JOURNEAU DANS LES CHEMINS DE
TRAVERSE SUR ACCENT 4, LE 11 DECEMBRE