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Nicolaï
Luganksy
|
13
septembre 2019
Strasbourg
Palais
de la Musique et des Congrès
Tchaïkovski,
Lac
des cygnes, Suite
Prokofiev,
Concerto
pour piano n°2
Moussorgski/Ravel,
Tableaux
d’une exposition
Nicolaï
Luganksy (piano), Orchestre Philharmonique de Strasbourg, Marko
Letonja
Vendredi 13, dans un
Palais de la Musique et des Congrès effervescent, parcouru par
l’excitation propre aux temps forts de la vie culturelle
strasbourgeoise, l’OPS donnait son premier concert officiel de la
saison commençante. Marko Letonja était à la direction, comme à
son habitude depuis sept ans maintenant, accompagné par la présence
exceptionnelle de Nicolaï Lugansky, l’un des plus grands pianistes
de notre époque. Intitulé « Échappées
Russes »,
le programme de la soirée allait nous faire entendre trois
compositeurs bien connus du grand public : Tchaïkovski d’abord,
avec des extraits du Lac
des cygnes
en version orchestrale, Prokofiev ensuite, avec son Concerto
pour piano n°2,
Moussorgski enfin, avec ses Tableaux
d’une exposition
orchestrés par Ravel.
Placé ainsi en
début de programme, le Lac
des cygnes
a la saveur doucereuse d’une petite mise en bouche : c’est
agréable, c’est moelleux, ça se laisse manger, mais il y manque
la richesse du plat principal. Non pas que l’orchestre y soit pour
quelque chose, car il remplit son rôle avec conviction, nous offrant
quelques petits moments de grâce au passage (on pense au solo de
Pierre-Michel Vigneau à la harpe, rejoint au violon par Charlotte
Juillard) mais tout de même, il y manque une profondeur, une magie.
Le deuxième
concerto pour piano
de Prokofiev vient à point nommé nous combler : quelle œuvre
magistrale ! Sombre et cruelle comme un rite païen, ironique et
fascinante comme une danse des morts. Lugansky prend dès le début
le parti d’une interprétation « tranquille », ayant
soin de bien articuler chaque note et de ne pas céder à un
romantisme débordant. On pourrait lui reprocher cette mise à
distance émotionnelle ; mais on sent chez lui une telle
conscience de la construction dramaturgique de l’œuvre, et de la
manière de garder toujours intacte sa tension interne, qu’on ne
peut qu’admirer sa hauteur de vue. Après la pause, l’orchestre
entame les
Tableaux d’une exposition avec
gourmandise. Grâce au génie orchestrateur de Ravel, chaque tableau
lui permet de montrer l’étendue de sa palette sonore. Marko
Letonja dirige par cœur, sans accrocs, et emmène ses musiciens vers
de très beaux moments qui nous laissent envisager une nouvelle
saison de qualité !
Samuel
Aznar