UNE SURPRENANTE
SALOME
28 août 2019
Festival de
Salzbourg : Felsenreitschule
Richard
Strauss : Salomé
John Daszak
(Herodes), Anna-Maria Chiuri (Herodias), Asmik Grigorian (Salomé), Gabor Bretz
(Jochanaan), Julian Prégardien (Narraboth), Romeo Castellucci (mise en scène,
décors, costumes et lumières), Cindy Van Acker (chorégraphie), Wiener Philharmoniker,
Franz Welser-Möst (direction musicale).

Salomé, dans la
réalisation de Roméo Castellucci, était reprise cette année avec la même distribution
qu’en 2018. Franz Welser-Möst reprenait la baguette pour conduire le Wiener
Philharmoniker à un sommet d’incandescence. Asmik Grigorian, fragile
femme-enfant, étonnait à nouveau par sa jeunesse apparente et sa voix
séduisante au timbre charmeur et aux puissants aigus lumineux. Face à elle,
Gabor Bretz, Jochannaan, impressionnait par sa puissance vocale, et John
Daszak campait un Herodes cauteleux, obsédé par le désir. Julian
Prégardien incarnait un Narraboth attachant et Anna-Maria Chiuri une redoutable
Herodias. Un spectacle de Romeo Castellucci est difficilement
descriptible et chaque spectateur le reçoit selon sa sensibilité… et sa
culture. Il fourmille d’éléments paraissant anecdotiques et posant pourtant
autant de questions sans réponse évidente. Ne citons que les temps les plus
forts : l’absence de Danse des Sept Voiles qui ne se passe qu’à
l’orchestre, Salomé étant figée sur un bloc de pierre et enfermée dans une
autre pierre descendue des cintres. Puis ce monologue final où elle clame son amour
et sa frustration au corps nu décapité de Jochanaan. Dans le jeu de
scène habituel, elle se contente de la tête, mais ici la charge érotique et
morbide en est décuplée.
Pierre Iung
Photo : Ruth Walz