BADEN-BADEN OU LES FEUX DU ROMANTISME
06 juillet 2019
Baden-Baden
Festspielhaus
Piotr llitch
Tchaïkovski
Concerto
pour piano n° 2 en sol Majeur op. 44
Symphonie n° 6 en si mineur op. 74 “Pathétique”
Richard Wagner
Crépuscule des Dieux : Marche
funèbre de Siegfried - Immolation de Brünnhilde
Eva-Maria Westbroek (soprano), Alexandre Kantorow (piano),
Orchestre du Théâtre Mariinsky, Valery Gergiev (direction musicale)
Tous juste auréolé de son premier
prix au prestigieux concours Tchaïkovski de Moscou, le jeune pianiste français
Alexandre Kantorow était l’invité du Festival d’été de Baden-Baden le 6 juillet.
Il a interprété, avec une assurance confondante, une maitrise du discours
musical et une science du phrasé exceptionnelles, le Deuxième Concerto en sol
majeur du compositeur russe, reléguant presque Valery Gergiev et
l’Orchestre Mariinsky – excusez du peu ! – au rang de simples
faire-valoir. Kantorow, que les Alsaciens avaient déjà pu entendre l’an passé à
Piano au Musée Würth, s’impose sans
conteste, non seulement comme un interprète de premier rang, mais aussi tout
simplement comme un véritable artiste. La salle ne s’y est pas trompée, qui lui
a réservé un accueil enthousiaste et sincère. Cerise sur le gâteau, le musicien
a offert en bis au public la Méditation
op.18 n°5 du même compositeur, jouée en état de grâce.
La première partie du concert
s’achevait avec deux extraits du Crépuscule des Dieux, de Wagner. La
direction précise de Gergiev a révélé toute la profondeur de la Marche Funèbre de Siegfried, avec un art
consommé de la progression dramatique, avant d’être rejoint par la flamboyante
soprano Eva-Maria Westbroek, voix d’or et d’airain,
présence impressionnante, dans un monologue
final de Brunhilde totalement incarné.
Après l’entracte, Valery Gergiev,
dirigeant sans baguette des musiciens « à sa main », nous proposait
une vision très personnelle, fouillée dans les moindres détails, de la Sixième Symphonie de Tchaïkovski,
préférant l’inscrire dans l’optique d’un drame universel - l’image d’un monde
contemporain courant au chaos et à sa fin - plutôt que comme expression
larmoyante d’une personnalité individuelle torturée. Grandiose et bouleversante !
Patrice Mercier
Crédit Photos : A. Kremper