TRANSFERT ET
TRAUMATISME
Karlsruhe
Badisches Staatstheater
Badisches Staatstheater
Richard Strauss : Elektra
18 mai 2019
Rachel Nicholls (Elektra), Anna Elisabeth Gabler (Chrysothemis),
Anna Dank (Clytemnestre), Renatus Mezcar (Oreste), Matthis Wohlbrecht (Égisthe), Keith Warner (mise en scène), Kaspar Kudlicka (décors),
John Bishop (lumière), Badische Staatskapelle, Justin Brown (direction
musicale)
Une jeune femme visite un musée archéologique et s'y laisse enfermer dans
une salle consacrée aux antiquités mycéniennes. Y sont entre autres exposés le
masque d'or mortuaire d'Agamemnon, la hache avec laquelle il fut
assassiné, ainsi que la couronne de la reine Clytemnestre. Ces objets réveillent en la jeune femme le passé traumatisant d'un drame
familial sanglant vécu dans son enfance. L'histoire d'Elektra à laquelle
elle s'identifie devient alors la sienne. Elle en connaîtra la destinée
tragique, revivant ses confrontations avec sa sœur Chrysothémis et sa
mère Clytemnestre. La rencontre avec son frère
Oreste se concrétise par de tendres épanchements proches de l'inceste.
Le décor reproduit fidèlement la salle du musée mais d'autres éléments
apparaîtront ensuite de chaque côté. Dans l'évier d'une cuisine, Oreste
exécute sa mère, Clytemnestre. Égisthe, l'amant et le
complice de la reine, trouve refuge dans la chambre de Chrysothemis où
Oreste, en trois coups d'épée, venge son père Agamemnon. C'est dans
un état hystérique que meurt celle qui s'incarne en Elektra et dont les
visiteurs matinaux du musée découvriront le corps sans vie.
Rachel Nicholls confère au rôle éprouvant d'Elektra une force
incandescente. Ses deux partenaires féminines, Anna Danik et Anna Elisabeth
Gabler, témoignent d'une belle tenue vocale, tout comme Renatus Meszar et
Matthias Wohlbrecht. Justin Brown met son orchestre survolté au service de la
partition tellurique de Richard Strauss.
Pierre Iung
Photo : Rachel Nicholls (Elektra) Crédit : Falk von Traubenberg