Emission du mardi 9 avril
« Opus Café » du conservatoire 18H / 20H
Radio Accent 4
Invitée Fanny BOURRILLON – dernière année
Master professionnel d’interprétation – Pianiste
Académie supérieure de
musique de Strasbourg – HEAR
Thématique de
l’intervention :
Robert Schumann et la citation : l’Opus
98 de Beethoven ou le message d’amour
« « Les soupirs se perdent
dans l’espace qui nous sépare » et seule une mélodie a le pouvoir de
réunir les amants raconte le cycle An die ferne Geliebte Op.98 (À la
bien- aimée lointaine) composé en 1816 par Beethoven. Quelques années
plus tard, Robert Schumann, qui manipule avec brio l’art de la citation,
s’empare du thème principal du cycle et en fait un objet de dédicace au sein de
ses propres œuvres. Passionné de cryptogrammes, proche de l’esthétique de E.T.A
Hoffmann et de Jean-Paul Friedrich Richter, influencé également par le
romantisme allemand et la figure de doppelgänger
(du double), Schumann met en musique une prolifération d’identités réelles ou
fantasmées. Si, comme le dit l’auteur américain Beate Perrey :
« Schumann is many », dans le
cas des citations du thème de Beethoven, la destinataire est unique, il s’agit
de Clara Wieck, celle dont il fut séparé 5 longues années avant qu’elle ne
devienne Clara Schumann. « Si près, si loin » écrit Beethoven dans la
lettre à l’immortelle bien-aimée : c’est cet aphorisme romantique
qu’il semble avoir mis en musique dans le cycle An die ferne Geliebte.
Schumann, dont il était un fervent admirateur, jugea sans doute que la mélodie
principale (des premier et sixième lieder) était la métaphore musicale idéale,
à la fois des tourments de l’absence, et de l’hallucination du retour de l’être
aimé. » F-B.