Ce 31 août, Alain Altinoglu dirigera l'O.P.S. au festival Berlioz . Entre deux répétitions à Strasbourg, il nous a fait le plaisir de passer dans nos studios pour discuter de ce concert entre autres choses.
La Lettre du Musicien
vient de faire paraître son supplément Piano. A l’affiche de ce numéro
hors-série, une interview de Nikolaï Lugansky réalisée par Frédéric
Gaussin mais aussi une histoire du prélude, de Bach à nos jours, un
dossier sur la Belgique, royaume du piano et bien d’autres articles… Ont
été interrogés pour ce numéro : Diane Andersen, Iddo Bar-Shaï, Michel
Béroff, Sodi Braide, Abdel Rahman El Bacha, Elena Filonova, Marie-Josèphe Jude,
David Kadouch, Adam Laloum, Lise de la Salle, Anne Le Bozec, David Lively,
Chris Maene, Vahan Mardirossian, Alexandre Paley, Georges Pludermacher, Paul
Raspé, Eliane Reyes, Nicolas Stavy, Françoise Thinat, Cédric Tiberghien,
Frédéric Vaysse-Knitter, Guillaume Vincent.
www.lalettredumusicien.fr
Christian
Thielemann dirige Schumann : passionnant mais…
La venue de l’Orchestre philharmonique de Vienne est
toujours un événement attendu des mélomanes qui se pressent pour être au plus
près de la prestigieuse formation qui était de passage à Baden-Baden, le 27
avril dernier. Salle comble pour un concert placé sous la baguette de Christian
Thielemann qui avait choisi de ne diriger qu’un seul compositeur : Robert
Schumann et quatre de ses œuvres dont trois (Ouverture, Scherzo et Finale
opus 52, la Première symphonie opus 38 et la Quatrième symphonie
opus 120) ont été composées ou ébauchées en 1841, l’année de ses premiers
essais symphoniques.
L’art du chef, transmetteur d’une certaine tradition
allemande de direction, trouve avec Schumann un de ses interprètes les plus
captivants. L’Orchestre n’est pas en reste et, dès l’introduction de l’Ouverture,
Scherzo et Finale, l’auditeur est happé par la splendeur des cordes guidées
par le premier violon Rainer Küchl et par la finesse de la petite harmonie (Scherzo).
Attentif aux détails et aux voix secondaires (altos et violoncelles dans le Larghetto
de la Première symphonie), l’altier Christian Thielemann privilégie une
ampleur et une souplesse de la phrase musicale où son sens du rubato nous vaut
quelques moments où le compositeur paraît anticiper Bruckner (Scherzo de
la Première, en particulier). Ce souffle et cette hautaine grandeur
étaient l’apanage d’une Quatrième symphonie menée de bout en bout avec
une urgence « lente », dramatique (pont entre les troisième et
quatrième mouvements) trouvant sa résolution dans un Finale ferme, tendu
et héroïque. Si le violon solo Rainer Küchl se fit poète dans la merveilleuse Romance
que Thielemann n’enchaîna pas directement au Lebhaft initial, il fut
moins convaincant dans la rare Fantaisie pour violon et orchestre en ut
majeur opus 131 de 1853. Il est vrai que l’œuvre est des quatre proposées
la moins inspirée et pour la défendre le soliste ne doit pas se contenter d’en
éprouver la technique mais de la surpasser. Or, Rainer Küchl connut quelques
accidents de parcours et des écarts de justesse incompréhensibles.
Pour autant, ne gâchons pas notre plaisir et affirmons que
ce concert fut un des temps forts de la saison même si la vision Schumann de
Thielemann peut légitimement poser des questions. Celles-ci sont d’ordre
musicologiques et avouons que des chefs comme Rattle, Gardiner, Paavo Järvi ou
Ken-David Masur (à Colmar, le 13 juillet) ont su nous proposer un Schumann plus
énergique, plus juvénile, plus équilibrée en étant moins tributaires de la
tradition.
Olivier Erouart
Baden-Baden, le 27 avril 2012
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